Exil - Journée mondiale des réfugiés



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Mercredi 17 juin 2020

English version below


Exil

À l’occasion de la journée mondiale des réfugiés le 20 juin 2020

Selon les données du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, le nombre de personnes fuyant la guerre, les persécutions ou les conflits a dépassé 70,8 millions en 2018.

Les effets psychiques des tragédies vécues par ces personnes sont majeurs. En France, selon une étude réalisée en 2017 par Comede (Comité pour la santé des exilés), la prévalence des troubles psychiques s’élève à 16,6 % chez les personnes en exil contre 5 à 10 % dans la population générale. Il s'agit principalement de troubles psychotraumatiques, troubles dépressifs, troubles anxieux et traumas complexes.

Le psychotraumatisme ou état de stress post-traumatique survient après un ou plusieurs événement ayant menacé l’intégrité physique ou psychique d’une personne, ou celles d'autres personnes présentes, et ayant provoqué une peur intense, un sentiment d'impuissance ou d'horreur.
Dans cette situation, le système d’alarme émotionnel du cerveau dysfonctionne. L’amygdale sécrète les hormones de stress mais le cortex préfrontal et l'hippocampe ne peuvent pas contrôler et traiter l'information : c'est la sidération traumatique. L'amygdale continue donc de sécréter les hormones de stress dont le taux très élevé peut représenter un risque pour l'organisme (c’est ainsi par exemple que l’on peut faire un arrêt cardiaque en situation de stress). Le cerveau isole alors l’amygdale : c'est la dissociation entraînant anesthésie émotionnelle et indifférence. Les événements bloqués dans l’amygdale sont à l’origine de la mémoire traumatique. Au moindre élément qui rappelle la scène traumatique, la victime revit la situation avec la même intensité et la même détresse.

Kachachi

Tapis dessiné par Hayv Kahraman intitulé

Kachachi

un terme de dialecte irakien pour "contrebandier". Cette oeuvre évoque un souvenir d'enfance de l'artiste quand sa famille a eu recours à un passeur pour atteindre la Suède.

Exposition SANCTUARY, Aga Khan Museum, 21 mars 2020 - 23 août 2020.

L'exposition SANCTUARY invite à considérer la notion de sanctuaire dans le contexte des conflits, des migrations de masse et de la quête personnelle des migrants d’arriver à destination et de s'intégrer dans leurs nouvelles sociétés


L’état de stress post-traumatique se caractérise par :

  • le syndrome de réviviscence, c’est à dire le fait d’être ramené brutalement à l’événement traumatique et de le revivre. Une sensation corporelle (douleur), un bruit (porte qui claque), une image (uniforme de soldat), peuvent déclencher ce ressenti. La personne peut aussi souffrir de cauchemars répétés ou de flash-backs.
  • le syndrome d’hyperactivité neurovégétative : la personne est en état d’hypervigilance, d’alerte et de contrôle. Elle peut présenter des insomnies, des réveils nocturnes, une hypersensibilité avec des sursauts, une irritabilité avec des colères explosives, des troubles de la concentration, de l’attention et de la mémoire.
  • le syndrome d’évitement : la personne va éviter soigneusement tout ce qui peut rappeler l’événement (sentiments, activités, lieux, objets, personnes, etc.). Elle tente de contrôler ses propres pensées jusqu'à se réfugier dans un monde imaginaire, consommer des produits psychotropes ou même se mutiler. Ceci peut entraîner un désinvestissement des relations et la perte d'espoir dans l'avenir.
  • le syndrome dissociatif avec perte de conscience de l’environnement réel, une amnésie dissociative, un état de déréalisation et de dépersonnalisation (sentiment d’être un observateur de son propre fonctionnement mental ou de son corps).

Ces symptômes ont un impact important sur la vie quotidienne des personnes qui ne peuvent pas s’inscrire dans le présent ou se projeter dans l’avenir. L’apprentissage d’une nouvelle langue est difficile, les rendez-vous sont oubliés, les récits sont incohérents et tout ceci complique les démarches administratives. La précarité sociale et l’exclusion aggravent encore la situation.

L’état de stress post-traumatique peut se compliquer et entraîner une modification profonde de la personnalité, des états délirants ou de confusion mentale. Ceci survient chez des personnes ayant subi des situations traumatiques répétées ou des sévices très graves (viols avec actes de cruauté, tortures, massacres).


Vidéo :

L’accès aux soins en santé mentale des demandeurs d’asile.

ORSPERE SAMDARRA


Dans le service public de psychiatrie, la prise en charge est pluridisciplinaire et comprend :

  1. les soins psychiatriques de psychothérapie : dynamique, cognitivo-comportementale, EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), hypnose. Un traitement médicamenteux peut être proposé (antidépresseur, anxiolytique, antipsychotiques).
  2. les soins physiques coordonnés par le médecin généraliste,
  3. un accompagnement social (hébergement, accompagnement administratif),
  4. un soutien juridique (droits, dossier de demande d’asile ou de séjour).

L’équipe élargie comprend aussi l’interprète professionnel, qui permet d’accueillir le vécu du patient dans sa langue et dans ses mots, ainsi que les associations bénévoles qui gravitent autour de lui.

Ce soutien pluridisciplinaire permet l’organisation de la vie dans le pays nouveau : l’apprentissage des règles, de la langue, la capacité de travailler et de nouer de nouveaux liens.

Sous le regard bienveillant et soutenant de cette grande équipe, le patient peut redonner du sens à son existence et aller mieux. C’est la résilience.

« …Quand le froid de l’hiver, la longueur des procédures administratives, la solitude et le désespoir s’acharnent à te rappeler ta condition précaire, serre ton bonheur. Car, oui, au fond de toi, est tapi un petit bonheur : celui d’avoir échappé aux bombes, de ne plus entendre siffler les balles, de ne pas voir les corps allongés sans vie, d’avoir quitté cette terre inhospitalière qu’était devenu ton propre pays… Accroche-toi à la chaleur d’un Bonjour, à la solidarité des inconnus et surtout, ne laisse jamais ton rêve mourir… »

Si vous ou une personne de votre entourage se trouve en situation de souffrance psychique, n'hésitez pas à faire appel à un professionnel de santé mentale pour une aide appropriée.

Vous pouvez également nous contacter à [email protected].


Exile

On the occasion of World Refugee Day on June 20, 2020

According to the data of the United Nations High Commissioner for Refugees, the number of people fleeing war, persecution and violence has exceeded 70.8 million in 2018.

The psychological effects of the tragedies experienced by these people are significant. In France, according to studies undertaken by Comede (Committee for the health of exiles), the prevalence of mental illness among exiles is around 16.6% compared to 5 to 10% in the general population. These are essentially due to psychotraumatic disability, depression, anxiety and complex trauma.

The psychotrauma also called post-traumatic stress disorder (PTSD) can occur in people who have experienced or witnessed a traumatic event that involves a threat to the physical or psychological integrity or that of others, with intense feelings of fear, powerlessness, vulnerability and helplessness.

Frightful situations stimulate the amygdala, which is responsible for decoding emotions (fight or flight response), and activate the production of stress hormones. But the medial prefrontal cortex and the hippocampus are less responsive. This is associated with a potentiated release of stress hormones that can put the body at risk (heart attack for example). The communication flow between the amygdala and the medial prefrontal cortex can be interrupted: this is known as dissociation with emotional numbness. The memory of the event will then hide in the brain and will not be consciously accessed, thus creating traumatic memory. Anything that brings back the traumatic event makes the person relive the trauma in the same way, facing the same distress.

The specific symptoms of PTSD (Post-traumatic stress disorder) are:

  • Intrusion or Re-experiencing is the most typical symptom of PTSD. This comes as intrusive thoughts or memories, nightmares related to the traumatic event, flashbacks, feeling like the event is happening again, psychological and physical responses to reminders of the traumatic event such as pain, sound or image.
  • Increased arousal symptoms including hypervigilance, being easily startled, difficulty falling or staying asleep, irritability, increased temper or anger, difficulty concentrating and memory problems.
  • Avoidant symptoms: the person may try to avoid any memory of the event: avoiding thoughts and feelings, people or situations connected to the traumatic event. Interest in the pre-trauma activities is severely reduced, the person may feel detached, isolated or disconnected from other people. There is a decline in mood and loss of hope.
  • Dissociation with derealization, a sense that surroundings are not real, depersonalization or feeling disconnected from oneself.

These symptoms can have a significant impact on day-to-day life of people who can no more live in the present or plan for the future. Foreign and new language learning is difficult, appointments are missed, recounts are inconsistent and this makes administrative procedures very difficult. Social vulnerability and exclusion worsen the situation.

The post-traumatic stress diseas can be complicated and trigger changes in personality, delirious states or mental confusion. This may occur in people who have had repetitive trauma or serious injury (aggravated rape, torture, massacres).


Video:

Stolen Words by Nicole Gooding.

Melanie Florence and Gabrielle Grimard


In the public mental health services, care is multidisciplinary and includes:

  1. mental health professionals who can provide psychotherapy: supporting psychotherapy, cognitive behavioural therapy (CBT), Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR), hypnosis. Medication may be recommended (antidepressants, anxiolytics, antipsychotics).
  2. general practitioner for physical care.
  3. social worker.
  4. lawyer (legal rights, applications for asylum).

This team also includes professional interpreter who can help listen to the patient in his native language and words, and also solidarity associations.

This multidisciplinary team can help organize daily life in the new host country: learning the rules in the new society, language, advance the capacity to work and form new relationships.

Under the benevolent and supportive gaze of this large team, the patient can finally bring meaning to his life and feel better: this is resilience.

"…When the cold weather of winter, the length of proceedings, loneliness and despair remind you only of your precarious condition, hold on your happiness. Yes, you know there is a happiness in the depths of your heart: escaping bombs, no more hearing the bullets, no more seeing the dead bodies, leaving this inhospitable country that had become your motherland… Hang on to a smile, to the solidarity of strangers and above all, never let your dream die…"


Video:

Daniel Webb, Global Pluralism Award Winner 2017.


If you or one of your relatives suffer from mental health issue, do not hesitate to get help from a mental health professional.

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