Prendre le large - 1ère partie : les victimes de violences conjugales



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Mercredi 28 avril 2021

English version below


Prendre le large

Première partie : les victimes de violences

Chaque année, plus de 220 000 femmes sont victimes de violences commises par leur conjoint ou ex-conjoint. En 2020 ces chiffres ont augmenté de 60 % au cours du confinement. Cette question représente aujourd’hui un problème de santé publique majeur, un problème social et politique.

Tout en développant un meilleur accompagnement des victimes, il est nécessaire de s’intéresser aux auteurs de ces violences, de mieux évaluer leur personnalité, de développer des possibilités de prise en charge et de dissuasion, afin de rompre le cycle de violence.

Les victimes de violences dans le couple sont majoritairement des femmes (90 %) mais des hommes peuvent aussi être victimes de la violence de leur compagne. Il s’agit alors de violence psychologique, qui les humilie et peut les conduire au suicide. La situation des hommes victimes semble encore plus difficile d’accès que celle des femmes et peu d’études sont disponibles à ce sujet.

Les conséquences des violences sur la santé des victimes leur font perdre 1 à 4 années de vie en bonne santé :

  • Les lésions traumatiques peuvent être multiples et de nature variée : érosions, écchymoses, hématomes, contusions, plaies, brûlures, morsures, traces de strangulation, fractures. Elles siègent principalement au niveau du visage, du crâne, du cou, des extrémités des membres. Elles sont parfois dissimulées par des lunettes de soleil, le maquillage, les vêtements. Ces lésions peuvent laisser des séquelles auditives en cas de perforation tympanique, visuelles en cas d’atteinte du globe oculaire ou de la rétine, neurologiques en cas de traumatisme crânien.
  • Plus de 50 % des victimes souffrent de dépression et de syndrome post-traumatique : au niveau du cerveau, il se produit une sidération et une dissociation. Les souvenirs sont enregistrés dans la zone émotionnelle du cerveau. Ils génèrent des flashs incontrôlables qui vont se déclencher lors de stimulus environnementaux qui ressemblent à ceux du moment de l’agression (odeur, couleur etc.). Les souvenirs précis ne sont pas mémorisés. Les personnes souffrent d’anxiété, de panique, de troubles du sommeil et de l’alimentation. Elles présentent des idées ou des comportements suicidaires. La culpabilité et la honte entraînent une altération de l’image de soi, le repli et l’isolement.
  • Les flashs incontrôlables vont entraîner des symptômes psychosomatiques (douleurs diffuses, céphalées, palpitations).
  • Le stress aigü a des conséquences sur la mémoire à long terme et entraîne des troubles cognitifs avec des difficultés d’attention, de concentration, de mémoire.
  • Les abus de substances psychoactives sont fréquents à visée anxiolytique : tabac, alcool, drogues, médicaments.
  • Les troubles gynécologiques (douleurs pelviennes, lésions périnéales, MST) et obstétricaux (grossesse déclarée tardivement, accouchement prématuré, avortement).
  • Les pathologies chroniques : affections pulmonaires, cardiaques, métaboliques.


Femme au feuillage.

Rabindranath Tagore


La mort peut être l’issue ultime de ces violences, par suicide, homicide ou décès dû à une complication telle qu’une lésion du foie ou rupture de la rate.

Une exposition chronique à la violence a des conséquences sur les enfants : les problèmes affectifs et comportementaux sont 10 à 17 fois plus fréquents. Ils manifestent souvent des symptômes de stress post-traumatique : peur, anxiété, irritabilité, troubles de la concentration, souvenirs des actes de violence, explosions de colère, hyperactivité, comportements agressifs. Les résultats scolaires, le développement social, le comportement adaptatif sont altérés.

Les victimes de violences conjugales doivent être incitées à parler. L’appel d’un numéro d’urgence est souvent la première étape. La victime est ensuite mise en lien avec une association d’aide qui la soutiendra pour la recherche d’un hébergement d’urgence, l’accompagnement aux soins et aux démarches juridiques.

Le médecin doit soigner, mettre en confiance la victime par une écoute attentive et une grande disponibilité. Le certificat médical est le premier élément probatoire objectif sur lequel l’autorité judiciaire pourra s’appuyer pour orienter la procédure. Le médecin retranscrit le récit de la victime et sa description des symptômes ainsi que des lésions constatées. Il ou elle évalue l’Incapacité Totale de Travail (ITT). Quelle que soit la durée de l’ITT, les violences dans le couple sont qualifiées de délit et jugées en correctionnelle, selon les termes de la loi n° 2020-936 du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violence conjugale. Le dispositif de protection et de prise en charge est renforcé pour les victimes, les enfants et les auteurs de violence (ordonnance de protection, suspension du droit de visite par le parent violent, attribution du logement à la victime, inscription automatique sur un fichier pour les auteurs etc.).

Comment comprendre les mécanismes de la violence ? Une prise charge des auteurs est-elle possible ? Comment soigner ? Comment prévenir ?

Ces questions seront traitées dans la seconde partie de cette lettre, que vous recevrez demain !

 

Dispositifs d'urgence :

Fiche pdf regroupant les numéros de téléphone et les sites Internet en France, Belgique, Suisse et Côte d'Ivoire : Cliquez ici.

Si vous ou une personne de votre entourage se trouve en situation de souffrance psychique, n'hésitez pas à faire appel à un professionnel de santé mentale pour une aide appropriée.

Vous pouvez également nous contacter à [email protected].


Crossing the Waters

First part: the victims of violence

Every year, more than 220 000 women are victims of violence committed by their spouse or ex-spouse. In 2020, these numbers have increased by 60% during the lockdown. Today this issue represents a major public health problem, both a social and a political problem.

While developping better support systems for victims, it is necessary to turn some attention to the perpetrators of this violence, to better evaluate their personalities, develop possibilities of care and dissuasion, in order to break the cycle of violence.

The majority of victims of domestic violence are women (90%) but men can also be victims of their partner. It is then psychological violence, which humiliates them and can lead to suicide. The situation of male victims seems even more difficult to investigate than that of women and few studies are available on this subject.

The consequences of violence on the health of victims induce a loss of 1 to 4 years of healthy life:

  • The traumatic injuries can be multiple and of varied nature: erosions, bruises, hematomas, contusions, wounds, burn, bites, strangulation marks, fractures. They are mainly located on the face, skull, neck, extremities of the limbs. They are sometimes hidden by sunglasses, makeup, clothes. These lesions can leave auditory after-effects in the case of tympanic perforation, visual after-effects in the case of damage to the eyeball or retina, neurological after-effects in the case of cranial trauma.
  • More than 50% of the victims suffer from depression and post-traumatic syndrome: at brain level, there is sideration and dissociation. The memories are stored in the emotional area of the brain. They generate incontrollable flashes that are triggered by environmental stimuli that resemble those of the moment of aggression (smell, color etc). The precise memories are not memorized.
  • The uncontrollable flashes will lead to psychosomatic symptoms (diffuse pain, headaches, palpitations).
  • Acute stress has consequences on long-term memory and leads to cognitive disorders with difficulties related to attention, concentration and memory.
  • Abuse of psychoactive substances is common for anxiolytic purposes : Tobacco, alcohol, drugs, medications.
  • Gynecological disorders (pelvic pain, perineal lesions, STDs) and obstetrical disorders (late declaration of pregnacy, premature delivery, abortion).
  • Chronic pathologies: pulmonary, cardiac and metabolic diseases.


Puppet.

Rabindranath Tagore


Death may be the ultimate outcome of such violence, though suicide, homicide, or death due to a complication such as liver damage or rupture of the spleen.

Chronic exposure to violence affects children: emotional and behavioral problems are 10 to 17 times more common. They often show symptoms of post-traumatic stress : fear, anxiety, irritability, difficulty concentrating, memories of violence, angry outbursts, hyperactivity, aggressive behavior. Academic performance, social development, adaptive behavior are impaired.

Victims of domestic violence should be encouraged to speak out. Calling an emergency number is often the first step. The victim is then put in touch with an aid association that will support him or her for emergency accommodation, care and legal procedures.

The doctor must treat the victim and put him/her at ease by listening attentively and being available. The medical certificate is the first objective evidentiary element on which the judicial authority will be able to rely to guide the procedure. The doctor transcribes the victim’s story and description of symptoms and injuries. He/She evalues the ITT (Incapacité Totale de Travail - Total Work Disability). Whatever the duration of the ITT, violence in a couple is qualified as an offence and judged in correctional proceedings according the terms of law n°2020-936 of July 30th 2020, aiming at protecting the victims of conjugal violences. The protection and care system is strengthened for victims, children and perpetrators of violence (protection order, allocation of housing to the victim, automatic registration on a file for perpetrators etc.).

How to understand the mechanisms of violence? Is it possible to support the perpetrators? How to treat? How to prevent?

These issues will be addressed in the second part of this letter, which you will receive tomorrow!

 

Emergency services:

PDF file including telephone numbers and websites in France, Belgium, Switzerland and Ivory Coast: Please click here (in French).

If you or one of your relatives suffer from mental health issue, do not hesitate to get help from a mental health professional.

You can also contact us at: [email protected].

Né à Calcutta en 1861, Rabindranath Tagore a reçu en 1913 le prix Nobel de littérature. Il était écrivain, poète, compositeur, dramaturge, peintre et philosophe. Il était engagé pour la paix, l’humanisme et le progrès, l’émancipation des femmes, l’abolition des castes et la modernisation de l’éducation. Son œuvre sensible nous entraine dans un voyage universel littéraire, philosophique et spirituel.


Video:

Exposition Rabindranath Tagore au Petit Palais.


Born in Calcutta in 1861, Rabindranath Tagore was awarded the Nobel Prize for Literature in 1913. He was a writer, poet, composer, playwright, painter and philosopher. He was committed to peace, humanism and progress, the emancipation of women, the abolition of caste and the modernisation of education. His sensitive work takes us on a universal literary, philosophical and spiritual journey.


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