Déconfinement et Santé Mentale



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Mercredi 20 mai 2020

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Déconfinement et Santé Mentale

La mise en place du plan de déconfinement progressif depuis le 11 mai dernier a créé un nouveau bouleversement et de nouvelles inquiétudes.

Le confinement dans le contexte de l’épidémie de covid-19 a pu instaurer dans notre cerveau ce qu’on appelle un conditionnement de peur : il s’agit d’une association entre un événement désagréable et une stimulation habituellement sans danger. Le conditionnement de peur s’installe généralement en une seule fois. C’est ainsi que les victimes d’un événement traumatique auront peur à tout jamais de la situation qui les a traumatisées.
Pour nous aujourd’hui, il s’agit de l’association entre la peur d’être contaminé par le coronavirus et les interactions sociales en dehors de chez soi. Notre cerveau a intégré que pour ne pas être contaminé par le covid-19, nous devions rester chez nous et garder nos distances. Nous sommes donc exposés au stress de devoir retourner à l’extérieur de chez nous, de devoir confier nos enfants à l’école, etc.


Vidéo :

Le déconfinement expliqué aux enfants

Coco Virus


 

Nous n’avons pas tous la même résistance au stress.
Ceux qui ont une bonne résistance au stress sont impatients, prêts à retourner travailler ou s’amuser.
Ceux qui sont moins résistants au stress ont besoin d’être sécurisés avant de pouvoir sortir de la maison. La peur s’apprend en une seule exposition mais il est bien plus difficile et plus long d’apprendre à ne plus avoir peur.
Cette peur risque d’être renforcée dans les transports en commun ou encore dans la reprise du travail en présentiel. Quand nous avons peur et/ou que nous nous sentons impuissants, nous pouvons avoir tendance à juger, à devenir méfiant et agressif. Certaines personnes risquent de développer des troubles anxieux.
Le contrecoup du confinement peut aussi exposer à un comportement de consommation excessive, comme pour rattraper le temps perdu : dépenses exagérées, addictions aux drogues et aux écrans, accidents, etc.

Quelques pistes sont proposées pour atténuer ce stress du déconfinement :

  1. Penser à des stratégies d’adaptation, par exemple, se familiariser avec les mesures barrière (apprivoiser le masque et le gel hydroalcoolique, se conditionner pour respecter les distanciations sociales), tenter de trouver des alternatives aux transports en commun ou négocier ses horaires de travail.
  2. Être bienveillant avec soi-même et les autres et ne pas s’offusquer de comportements inhabituels des personnes que l’on croise, collègues et voisins.
  3. Maintenir certaines routines du confinement et en intégrer d’autres progressivement en acceptant que la vie ne sera pas comme « avant ». Ne pas s’obliger à revoir rapidement famille et amis. On peut continuer à maintenir les liens par vidéo et s’exposer de façon limitée aux medias.
  4. Gérer ses émotions avec des techniques de relaxation (méditation de pleine conscience, techniques de respiration, cohérence cardiaque).
  5. Développer notre résilience : envisager le déconfinement comme une opportunité pour repenser sa façon de vivre en prenant soin de soi et des autres.


Art et Résilience

Vidéo :

La Valse n°2 de Chostakovitch

Viva l'Orchestra à la Maison


L’important est d’intégrer le caractère progressif du déconfinement et de l’apprivoisement de l’anxiété.

L’anxiété peut prendre plusieurs formes :

  • la phobie simple ou crainte irraisonnée d’un objet ou d’une situation (araignées, serpents, avion etc.),
  • la phobie sociale : peur du contact avec des personnes qui ne sont pas familières ou de situations où on est exposé au regard d’autrui ( repas à plusieurs, réunions, interventions publiques),
  • le trouble panique : forte crise d’angoisse avec sensation de mort imminente,
  • le trouble obsessionnel compulsif : lavages de mains répétés ou rituels de vérifications pour se protéger d’une menace extérieure,
  • le trouble anxieux généralisé : il arrive que l’on souffre de troubles anxieux complexes.

Dans le cadre d’un trouble anxieux généralisé, la personne peut être excessivement soucieuse, sans capacité de contrôle et pendant une période longue. L’objet de l’angoisse peut être une préoccupation concrète (comment vais-je finir le mois ?) ou la peur d’un événement théoriquement possible mais peu probable (est-ce que je vais avoir un accident dans le métro ?).
L’état d’anxiété affecte la vie sociale et professionnelle de la personne qui peut se sentir agitée, irritable et épuisée et ressentir des tensions corporelles, des troubles de la concentration, de la mémoire, du sommeil.

Des études menées en Chine ont montré un nombre important de troubles anxieux et dépressifs ainsi que des troubles du sommeil. D’autres travaux menés antérieurement ont montré un risque d’augmentation des conduites suicidaires, de symptômes d’allure psychotique, de symptômes psychosomatiques, de syndromes de stress post-traumatique et de consommations de substances psychoactives.

Selon Santé Publique France, une première enquête a montré un état d’anxiété chez 27% des personnes en mars 2020. Quelques jours après ce taux est passé à 22%. Il reste supérieur à celui de 2017, qui était alors dans la population générale de 13.5%. Les facteurs associés à une forte anxiété sont le sexe féminin, un âge inférieur à 50 ans, une situation financière difficile, le télétravail, avoir des enfants de 16 ans et moins, avoir un proche ayant des symptômes évocateurs de covid-19, avoir une mauvaise information sur le virus et les modalités de transmission, se sentir effrayé par les mesures de protection et avoir peu confiance dans les pouvoirs publics.

Depuis quelques semaines en psychiatrie, les urgences ont noté une recrudescence de troubles délirants aigus chez des patients sans antécédent particulier, avec des éléments délirants centrés sur le virus (« je suis le covid », « j’ai trouvé le vaccin » etc.)

Si vous ou une personne de votre entourage se trouve en situation de souffrance psychique, n'hésitez pas à faire appel à un professionnel de santé mentale pour une aide appropriée.

Vous pouvez également nous contacter à [email protected].

Miniature médiévale.

Art et Résilience

Miniature médiévale.

Le Canon de la Médecine, Ibn Sīnā

Alamy images

 

Dans son ouvrage «Le Canon de la Médecine», Ibn Sīnā (980–1037) fait l’hypothèse de l’existence de micro-organismes à l’origine des épidémies et de l’intérêt de la quarantaine ainsi que le concept des troubles psychiques.

 

À écouter pour en savoir plus sur Ibn Sīnā Avicenne, médecin perse du XIe siècle, de l’Orient à l’Occident, une émission de France Culture du 13 mai 2020.


 

 


Looking for your mental health after lockdown

The gradual exit from the lockdown period, initiated on May 11th, is also coming with psychological stress as we enter a new world.

During the cover-19 related lockdown, a fear conditioning has been integrated by our deep brain. Fear conditioning is the association between an unpleasant event and a usually safe stimulation. Only one experience is enough for fear conditioning to settle in. That explains why people who have been traumatised will fear the initial trauma throughout their entire lifetime. For us today, it is about the association between the virus and social interactions. Our brain has integrated that we have to stay at home to avoid infection which induces stress in going out of our home or leaving our children at schools etc.


Art and Resilience

Keep calm and corona

Tyler Street Art, Mumbai

We don’t all have the same stress resistance.
Those who have a strong resistance to stress are ready to go to work and entertain themselves.
Those who have less resistance to stress need to be secure before going out of home. While fear takes roots with one experience only, it is very difficult to learn not to be afraid.
This fear will be heightened in public transport and also at work in face-to-face interactions. When we are afraid or when we feel helpless, we tend to judge others, we become suspicious and agressive. Some people may develop anxiety disorders.
Because of the lockdown, some people might also have behavioural disorders such as drug addictions, screen addictions, accidents, wasteful spendings.


Art and Resilience

Art work

Apindra Swen for BBC

A few recommandations can be proposed to manage stress after lockdown:

  1. Develop some coping strategies such as familiarizing yourselves with security measures (use masks and hydoalcoholic gels, respecting social distancing), try to find alternatives for transport or negociate work schedule.
  2. Be benevolent with others and not to be offended if colleagues or neighbours behave in an abnormal way.
  3. Maintain some routine from the lockdown period and take new habits progressively while being aware that life is no longer the same. There is no need to go too quickly to meet friends or family, we can use videoconferencing!
  4. Manage emotions with relaxation techniques (mindfulness, breathing techniques, cardiac coherence).
  5. Develop resilience: considering this new period as an opportunity to rethink the way we live and taking care of oneself and others.

It is important to keep in mind that we are going to adjust progressively and to become comfortable with anxiety.

Anxiety can take different forms:

  • phobia or irrational fear about an object or a situation (spiders, snakes, planes)
  • social phobia: fear of contact with strangers or in case of being exposed to public (meals, meetings, public interventions)
  • panic disorder: anxiety attack with sensation of near death experience
  • obsessive compulsive disorder: checking, excessive washing as a way to protect from an external threat.
  • generalized anxiety disorder: some people suffer from complex anxiety disorders.

In case of a generalized anxiety disorder, the person may be excessively concerned, without ability to keep control over a long period. The raison for the anguish may be a practical concern (how will I end the month?) or a possible event although not likely (will I have a subway accident?). The anxiety affects the daily life of the person who can feel nervous, irritable, exhausted and suffer from body tension, concentration problems, memory disorders, sleep disorders.

Several studies undertaken in China showed an important level of anxiety and depressive disorders, sleeping disorders. Other studies showed an increased risk of suicide, of emerging psychotic symptoms, psychosomatic symptoms, post traumatic stress disorders and use of psychoactive substances.

According to Santé Publique France, a first study showed an anxiety rate about 27% in March 2020. A few days later, the rate decreased to 22%. In 2017, this rate was about 13.5% in the general population. Factors associated with anxiety are female gender, age under 50, teleworking, having children under 16 years old, financial difficulties, having a close relative with covid-19 symptoms, incorrect information about the virus and its transmission, being afraid about the security measures and having less confidence in our public institutions.


Video:

The Canon of Medicine

by Ibn Sīnā

Ibn Sīnā (980–1037) is known for describing infectious diseases due to microorganisms and the benefits of quarantine, and also mental disorders.


In France, in the past few weeks, psychiatric emergency services have noted an increasing level of emergent psychotic symptoms in adults without any previous trouble, suffering from delusional disorders about the pandemia ("I am the virus", "I have found the vaccine"…).

If you or one of your relatives suffer from mental health issue, do not hesitate to get help from a mental health professional.

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