Et toi, ça va ? Les troubles dépressifs



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Mercredi 20 janvier 2021

English version below


Et toi, ça va ?

La crise sanitaire a bouleversé nos vies et nous expose au risque de survenue de troubles dépressifs. Une étude de Santé Publique France montre que la prévalence du trouble dépressif est passée de 10% à 21% entre septembre et novembre 2020 et que les jeunes sont particulièrement touchés.

La dépression peut produire une grande souffrance avec un retentissement majeur sur la vie de la personne et de son entourage. Elle concerne environ 15 à 20% de la population générale.

Alors même qu’il existe des traitements efficaces, un grand nombre de personnes dépressives ne se soignent pas car elles ont honte.
Cette lettre vous propose une meilleure compréhension de la maladie dépressive afin de briser les barrières et libérer une parole qui est le premier pas vers le soin et l’espoir.

  1. Symptômes
     
    • Une tristesse pathologique quasi-permanente et intense, une anxiété marquée et parfois une indifférence affective. Il existe une douleur morale profonde, une perte de l’estime de soi et un pessimisme majeur, parfois associé à des idées de culpabilité.
    • Une perte de l’élan vital, c’est-à-dire une perte d’intérêt et du plaisir à l'égard des activités quotidiennes, même celles qui étaient habituellement plaisantes (anhédonie).
    • Le sentiment que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, des idées de mort ou de suicide récurrentes, parfois des projets suicidaires, signant un risque suicidaire majeur.
    • Un sentiment d’angoisse quasi-permanent, notamment au réveil, qui peut favoriser le passage à l’acte.
    • Une fatigue (asthénie).
    • Une perte d’appétit, souvent associée à une perte de poids.
    • Des troubles du sommeil.
    • Des troubles de l’attention, de la concentration, de la mémoire et une incapacité à prendre des décisions.
    • Un repli sur soi.


Vidéo :

Et toi, ça va ?

Réalisation Marie-Stéphane Cattaneo
Fondation Pierre Deniker


  1. Formes
     
    • Les dépressions mélancoliques sont caractérisées par une intensité sévère, de nombreux symptômes somatiques, mais également un sentiment de culpabilité, d’indignité et d’auto-accusation ainsi que par un risque suicidaire élevé.
    • Parfois, la dépression est masquée par des symptômes physiques ou encore par une irritabilité ou une hostilité.
    • Le trouble dépressif avec le trouble bipolaire, dans lequel les épisodes dépressifs alternent avec des épisodes maniaques (excitation psychique et motrice, exaltation de l’humeur, euphorie, désinhibition, mégalomanie).
    • La dépression peut être associée à d’autres troubles psychiatriques, comme les troubles anxieux ou les troubles addictifs.
  2. Signes spécifiques selon l’âge
     
    Une anxiété inhabituelle, des comportements violents ou une phobie scolaire chez l’enfant ou l’adolescent. L’adolescent peut aussi adopter des comportements et des consommations à risque. Chez le sujet âgé, en revanche, la dépression favorise le repli sur soi, l’expression de plaintes physiques et le refus de l’aide d’un tiers.
  3. Baby blues et dépression périnatale
     
    La grossesse et les mois suivant la naissance d’un enfant constituent une période au cours de laquelle les bouleversements émotionnels et hormonaux sont importants. Le baby blues est fréquent dès le 3e jour suivant l’accouchement, mais il est bref, fluctuant et se résout par lui-même dans les 10 à 15 jours suivant la naissance.
    Il peut cependant survenir une authentique dépression du post-partum, avec de l’anxiété, des pleurs, un sentiment d’incapacité, de culpabilité ou d’indignité, associés à une importante variation des émotions.
    Ce type de dépression peut altérer de façon importante la relation précoce entre la mère et son enfant voire menacer la bonne santé, la sécurité, la vie du nourrisson (en cas de difficultés à s’intéresser à l’enfant ou à s’en occuper) ou de la mère (risque suicidaire).

 

Au plan physique, la dépression conduit souvent la personne à négliger sa santé et à adopter une mauvaise hygiène de vie, avec consommation parfois fréquente d’alcool ou autres substances psychotropes. Il existe souvent des maladies physiques associées. Mais le risque le plus redouté est celui du suicide car 10 à 20 % des personnes atteintes de dépression meurent par suicide.


Bazindeh le pigeon résiste à une tempête.

Aquarelle, or, argent et encre sur papier,
page d'un manuscrit de Anvar-i Suhayli
Iran, 1593. Musée Aga Khan.


La dépression résulte d’une interaction complexe entre des facteurs sociaux, psychologiques et biologiques :

  • Certains événements de la vie sont associés à un risque accru de dépression : un décès, une perte d’emploi, une séparation ainsi que des traumatismes précoces, notamment affectifs ou sexuels, survenus dans l’enfance ; on parle de dépression endogène quand il n’y a pas de facteur de risque apparent.
  • La vulnérabilité génétique : un individu a 2 à 4 fois plus de risque de présenter un trouble dépressif si l’un de ses parents a des antécédents de trouble dépressif. Un gène codant pour le transporteur de la sérotonine ou pour le Brain Derived Neurotropic Factor (BDNF : acteur essentiel à la prolifération, la différenciation et la survie des neurones) serait impliqué. Mais, plus que la présence de particularités génétiques, c’est l’influence de l’environnement sur leur expression qui est incriminée (épigénétique).
  • Le rôle des neurotransmetteurs : défaut de la neurotransmission par la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine mais aussi l'équilibre entre le glutamate et le GABA (qui influence la sécrétion du BDNF). D’autre part, l’altération de la réponse au stress entraîne une sécrétion anormalement élevée de cortisol, inhibant la production de BDNF et produisant une désorganisation ou dégénérescence neuronale dans l’hippocampe.

 

Des traitements existent et permettent d’améliorer voire de guérir une majorité des épisodes dépressifs : les antidépresseurs, la psychothérapie, les thérapies cognitives et comportementales (méditation de pleine conscience, thérapie fondée sur la compassion), l’électroconvulsivothérapie, la stimulation magnétique transcrânienne, la kétamine.

Les enjeux de la recherche sont actuellement importants et concernent d’une part de nouveaux médicaments antidépresseurs ; d’autre part, l’exploration des liens entre la dépression et l’olfaction, l’inflammation, le microbiotique intestinal ouvre sur d’éventuelles pistes d’actions thérapeutiques. Enfin, l’approche pharmacogénétique commence à être utilisée dans certains centres experts qui se développent en France.

« Je vais avoir bientôt 21 ans et le temps que j’ai passé sur cette terre me semble déjà beaucoup trop long. Le confinement n’a fait qu’empirer les choses, mon avenir, si j’en ai un, est plus qu’incertain (…). Je me rends compte à quel point je suis seule, absolument personne ne prend de mes nouvelles. »

Témoignage d’une étudiante.

Écrire un mot d’encouragement, prendre des nouvelles d’une personne isolée, faire les courses pour une voisine, sont aussi bénéfiques à celui qui donne qu’à celui qui reçoit.
L’altruisme, la bienveillance et la compassion nous rappellent à notre humanité commune et améliorent notre santé physique et mentale (appareil cardiovasculaire, paramètres d’inflammation, troubles anxieux et de l’humeur).

Un peu d'attention peut rendre la dépression plus supportable. Cependant, si vous ou une personne de votre entourage se trouve en situation de souffrance psychique, n'hésitez pas à faire appel à un professionnel de santé mentale pour une aide appropriée.

Numéros utiles :

SOS Confinement : 0800 19 00 00 (9h-19h, 7j/7)
Victimes de violences : 3919 (24/24, 7/7)
Pour toute personne souffrant de troubles psychologiques ou leur entourage : 01 4800 4800 (Ile de France, 11h-19h, 7/7)

Vous pouvez également nous contacter à [email protected].


 

Are you ok?

The covid19 pandemic has disrupted our lives and exposes us to an important risk of depressive disorder. A study by Santé Publique France shows that the prevalence of depressive disorder has increased from 10% to 21% between September and November 2020 and that young people are particularly impacted.

Depression is an illness that causes important suffering and impacts the daily lives of both the person and his close circle. It affects 15 to 20 % of the population.

While effective treatments are now readily available, many people with depression still go untreated because of shame.
This letter provides you with a better understanding of depressive illness in order to break down barriers and create space for talk, which is the first step towards care and hope.

  1. Symptoms
     
    • Deep feeling of sadness, a intense anxiety and sometimes an emotional numbing. There is also dark mood, low self-estim, pessimism, feeling of guilt.
    • Loss of interest in activities formerly seen as pleasurable.
    • Feelings of worthlessness or hopelessness, thoughts of death, self-harm or suicide.
    • Constant worry and anxiety, particularly in the mornings, which can trigger self-harming.
    • Lack of energy and fatigue.
    • Loss of appetite and weight gain.
    • Sleep changes.
    • Lack of concentration, memory problems and inability to make decisions.
    • Withdrawing.
  2. Types
     
    • Major depression with severe intensity, many physical symptoms but also feeling of guilt and self-incrimination and an important risk of suicide.
    • Sometimes the depression disease is hidden behind physical symptoms or by irritability, hostility.
    • Manic depression or bipolar disorder, alternating with episodes of mania (feeling elated, "high", or euphoric, grandiose thinking, increased self-esteem and confidence)
    • Depression disorder can be associated with other diseases such as addiction and anxiety disorder.
  3. Age specific symptoms
     
    An unusual anxiety, violent behaviour or school phobia in children and teenagers. Teenagers may show risky behaviour and drinking. In the elderly, depression symptoms are social withdrawing, physical aches and refusing all assistance.
  4. Babyblues and perinatal depression
     
    Hormonal and emotional changes during pregnancy and childbirth are important. Babyblues often occurs on the 3rd day after childbirth but it is brief, fluctuating and resolves by itself within 10 or 15 days.
    But a severe post-partum depression can occur with anxiety, crying, feeling of powerlessness, guilt or indignity and emotional instability.
    This type of depression can impact the early mother-child relationship and even threaten the health, security and life of the child (in the advent of difficulty in providing care to the baby, or thoughts of self-harm or of harming the baby).


Video:

Dobara Poocho,
Sometime you need to ask twice

The Live Love Laugh Fundation


The people who suffer from depression often have a bad physical health, with bad consumption habits (alcohol or other psychotropic substances). But the most feared risk is suicide because 10 to 20% die by suicide.

Depression results from a complex interaction between social, psychological and biological factors:

  • Life events may predispose to a risk of depression: death of a loved one, job loss, divorce as well as early traumas, emotional or sexual, during childhood. Where there is no apparent risk factor, it is referred to endogenous depression.
  • Genetic vulnerability: a person is two to four times more at risk of depression if one of their parents suffers from depression. A gene coding for a serotonine carrier or for the Brain Derived Neurotropic Factor would be involved (BDNF is essential for proliferation, differenciation and survival of neurons). But it is mainly the influence of the environment on gene expression which is at play (epigenetics).
  • The role of neurotransmitters: reduction of serotoninergic, noradrenergic and dopaminergic neurotransmission but also the balance between glutamate and GABA (which impacts BDNF secretion). Moreover, the alteration of stress response causes an increased secretion of cortisol, inhibiting BDNF production and causing neuronal desorganization and degeneration in the hippocampus.

 

Treatments exist and allow people to feel better and recover from most depression diseases: antidepressants, psychotherapy, cognitive and behavioural therapy (mindfulness, compassion focused therapy), electroconvulsive therapy, transcranial magnetic stimulation, ketamine.

Research stakes are important and concern new antidepressant medecines; also, exploration of links between depression and olfaction, inflammation, intestinal microbiotic might open up new therapeutical opportunities. Finally, pharmacogenetics are seeing the light in some expert centers developping in France (Mood Centers).

"I am going to be 21 soon and the time I have spent on this earth already seems too long. Lockdown just made it worse, my future, if I have one, is uncertain (…). I realize how lonely I am, absolutely no one asks about me."

Story of a student.

Writing a message of encouragement, taking news, offering assistance with shopping to a neighbour, are equally good for the one who gives and the one who receives.
Altruism, benevolence and compassion remind us about our shared humanity and improve our physical and mental health (cardiovascular system, anxiety disorder and mood disorders).

Being caring can make depression more bearable. However, if you or one of your relatives happens to suffer from mental health issue, do not hesitate to seek help from a mental health professional.

Useful phone numbers:

SOS Confinement: 0800 19 00 00 (9am-7pm, 7/7)
Victims of violence: 3919 (24/24, 7/7)
For anyone suffering from psychological disorders or those around them: 01 4800 4800 (Ile de France, 11am-7pm, 7/7)

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